Stockholm Public Library

Avec sa géométrie simple et son agencement classique, la bibliothèque publique de Stockholm est un bâtiment difficile à caractériser. Conçue par le célèbre architecte suédois Gunnar Asplund dans les années 1920, la bibliothèque est la manifestation physique d’une période de transition, à la fois dans la logique de son concepteur et dans les valeurs changeantes de l’architecture européenne. Le résultat final est une synthèse trompeusement complexe de styles présentés dans un ensemble visuellement simple: l’influence décroissante du néoclassicisme juxtaposée à l’émergence du rationalisme.

Sa construction a débuté en 1924 et fut achevée en 1928. Elle constitue un des bâtiments les plus emblématiques de la ville. Cette œuvre, parfois appelée Asplundhuset, c’est-à-dire la maison d’Asplund, a été augmentée plus récemment d’autres parties, formant un complexe plus important, qui ne relèvent pas d’Asplund.

Les architectes suédois de la fin du 19ème siècle ont été confrontés à une décision difficile. Comme le reste du monde, ils avaient commencé à rejeter le classicisme qui caractérisait le design européen depuis des siècles. Ils ont cherché à associer des aspects de l’architecture traditionnelle du pays à une logique moderniste, ce qui a abouti au «romantisme national» suédois. Aussi, au départ, la conception de la bibliothèque publique de Stockholm par Asplund était purement traditionnelle: dôme à caissons, entrée avec portiques et traitements somptueux des murs extérieurs plus adaptés à un palais qu’une bibliothèque du XXe siècle en Scandinavie. La structure de ce schéma a été essentiellement conservée mais, à la mode moderniste, elle a été distillée pour obtenir ses éléments géométriques les plus primitifs: un cylindre sortant d’une boîte rectiligne. Assis légèrement en biais par rapport à la rue et à l’aménagement paysager environnant, le volume austère de la bibliothèque est apparemment magnifié. Les murs sont finis en stuc, ce qui permet à la pureté formelle de la structure de conserver tout son impact visuel sur les visiteurs et les passants.

Les visiteurs de la bibliothèque montent un escalier et passent par une porte de style égyptien pour pénétrer dans l’espace principal de la bibliothèque: la salle de lecture. Occupant le cylindre central, la salle de lecture est un espace caverneux entouré de trois niveaux d’étagères en terrasse. Au-dessus des piles de livres, les murs grossièrement recouverts de stuc s’élèvent sur toute la hauteur du cylindre, la lumière provenant d’un anneau de fenêtres situé près du plafond plat. Conformément aux conclusions originales du comité de bibliothèque, l’espace rappelle fortement le travail d’Etienne Louis-Boullée, un architecte de la Révolution française ayant un flair similaire pour le monumental. Cet espace se voulait aussi une référence à la Panthéon romain, dans lequel les coffres auraient été remplacés par des puits de lumière en retrait. La décision de remplacer le dôme par un toit plat signifiait que la référence était finalement plus abstraite, bien que le pavage de la bibliothèque reste similaire au sol en marbre du Panthéon.

Le bâtiment principal a été construit sur une fondation de blocs de béton, sur laquelle les murs de briques recouverts de stuc orange et ocre se sont levés. Dans sa structure, des poutres et des solives en fer et en béton ont été utilisées. Les plafonds sont recouverts de panneaux de goudron au rond-point renforcés de feuilles de cuivre. Les façades en briques étaient à l’origine recouvertes de plâtre à la chaux, d’escaliers en granit, de différents détails de construction tels que corniches de plafond et portiques en marbre. À l’intérieur, sur les murs des parties communes, des frises de bois franc étaient placées et les autres étaient peintes de couleurs vives comme le rouge, le vert et le jaune. Les peintures décoratives sur les murs et les plafonds ont été exécutées à l’origine, mais ne sont actuellement visibles que dans certains endroits. La plupart des meubles et des étagères ont été conçus par Asplund et Nordiska Kompaniet, fabriqués à Stockholm.